J’ai pleuré avec les chiens (Time, Creation, Destruction) – DAINA ASHBEE

Created, Produced and Choreographed by Daina Ashbee Performed by Angelica Morga, Gabriel Nieto, Irene Martinez, Greys Vecchionacce & Briseida Lopez Video Trailer by NeoTen www.dainaashbee.com J’ai pleuré avec les chiens (Time, Creation, Destruction 2021) est la première pièce de groupe…

Created, Produced and Choreographed by Daina Ashbee

Performed by Angelica Morga, Gabriel Nieto, Irene Martinez, Greys Vecchionacce & Briseida Lopez

Video Trailer by NeoTen

www.dainaashbee.com

J’ai pleuré avec les chiens (Time, Creation, Destruction 2021) est la première pièce de groupe de Daina Ashbee. Créée avant la pandémie, elle est passée par les accidents de parcours et les éclatements générés par celle-ci et a repris forme. La pièce est marquée par une précision incisive et sobre, celle de la poétique de la déflagration et de la transe à laquelle nous a habitué.e.s la chorégraphe.

Plusieurs corps nus, béants. Des corps féminins, un corps masculin, traversés par divers états et mélopées. Des tentatives de rapprochement, des empilements à quatre pattes, des lignes de fuite.

De la rupture émerge la connexion. Des sons produits par les corps émergent les mouvements qui, tour à tour, engendrent grondements, glapissements, pleurs, appels.

Loin d’illustrer, de représenter, les interprètes incarnent, transmettent tel des canaux de chair. Des myriades d’histoires vécues se cristallisent pour façonner les corporéités présentes.

Le processus de création de J’ai pleuré avec les chiens (Time, Creation, Destruction 2021) a commencé avec l’exploration d’une sensation : chercher réconfort dans l’étreinte de son chien, hurler avec cette espèce compagne1. Ce processus a ensuite évolué vers une plongée dans des états de corps canins. Ce qui en a émergé aujourd’hui n’oscille pas entre l’animal et l’humain, le corporel et le spirituel, le féminin et le masculin la nature et la culture, la souffrance et le soin, l’ancrage et l’aérien. Non, les dichotomies et les dualismes n’intéressent pas Ashbee. La notion d’essence ne l’interpelle pas non plus : Elle pense le monde comme une trame de potentialités où tout peut coexister, bien au-delà de la binarité.

J’ai pleuré avec les chiens (Time, Creation, Destruction 2021) façonne un rituel de cohabitation et de décloisonnement. Une constellation de possibles qui échappe au confinement dans une catégorie, un genre, un territoire, des appartenances circonscrites. Tout y est transitoire, fugitif.

Éprouver la pièce en laissant sa grille de lecture et ses catégories au vestiaire ouvre la voie à une autre expérience sensorielle : celle d’un espace où les êtres et les choses peuvent se transformer continuellement. Il ne s’agit pas d’une perturbation temporaire, mais d’une reconfiguration du sensible2. En cela, l’œuvre d’Ashbee est anticoloniale. Le rapport colonial et capitaliste au monde n’est pas seulement matériel – les territoires et les corps sont à conquérir, classer, posséder et exploiter – mais aussi cognitif et sensible3 : la perspective coloniale envisage les arts, les savoirs et, en général, ce qui compose le monde comme des denrées à acquérir et catégoriser. J’ai pleuré avec les chiens (Time, Creation, Destruction 2021) constitue un refus des manières de savoir, de créer et de ressentir marquées par le colonialisme.

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